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Un DVD édité à compte d’auteur avec deux films de Jacqueline Caux sur la chorégraphe nord-américaine Anna Halprin.
“Out of Boundaries” situe la position d’Anna Halprin dans l’histoire de la danse, avec de nombreuses archives.
“Who says I have to dance in a theater…” sur son travail dans la nature et dans les rues de Paris avec des archives des projections de Tony Martin, la musique de Morton Subotnick, Pauline Oliveros, Meredith Monk.
“Ces deux films rendent compte, à partir de conversations filmées, et surtout de nombreux extraits de répétitions, de performances et d’archives rares, des ruptures fondamentales apportées par Anna Halprin dans le champ de la danse. Ils ont pour bande son des musiques de Pauline Oliveros et de Terry Riley qui ont tous les deux, à différentes époques, collaboré avec elle.
C’est en Californie qu’est née, dans la seconde moitié des années cinquante, bien avant d’essaimer à New York, cette forme d’expression artistique si particulière à laquelle on donnera plus tard le nom de “Post Modern Dance”. Tous ceux qui ont participé à l’éclosion de ce mouvement savent qu’Anna Halprin en est une importante initiatrice. Née en 1920, c’est elle qui a littéralement fait exploser toutes les conventions qui subsistaient dans la danse contemporaine en appuyant ses recherches sur les gestes du quotidien, et en prenant en compte l’anatomie de l’homme aussi bien que ses désirs inconscients et ses pulsions sexuelles. Elle introduit dès 1957 la notion de “tâche” (des actions à accomplir telles que s’habiller, se dévêtir, se déplacer en portant un objet très lourd etc.). Chaussée de baskets ou de chaussures à talons hauts, elle improvise dans des parkings, sur des chantiers, dans la rue. Sur le plateau de danse en plein air que lui a construit son mari architecte Lawrence Halprin, en contrebas de leur maison, près de San Francisco, elle entraîne dans ses folles aventures – en galvanisant jusqu’à l’extrême leur propre créativité – de jeunes artistes de différents domaines encore parfaitement inconnus. Des danseuses telles que Simone Forti, Yvonne Rainer, Trisha Brown, Meredith Monk, aussi bien que Robert Morris (avant qu’il ne choisisse la sculpture), lesquels introduiront ensuite à New York les innovations radicales d’Anna Halprin en formant le noyau dur du “Judson Dance Theater”. Des compositeurs, tels que La Monte Young et Terry Riley, qu’elle nomme dès 1959 co-directeurs musicaux et qui expérimentent chez elle la musique minimaliste et répétitive qu’ils sont en train d’inventer. Mais aussi un plasticien tel que Charles Ross, un poète tel que James Broughton, un cinéaste tel que Stan Brakhage…
Une étape importante qui, tout en la conduisant à prendre plus que jamais en compte le réel dans son travail, tiendra Anna Halprin éloignée des projecteurs médiatiques de la ville de New York : avec tous les moyens artistiques dont elle dispose, ce sera sa lutte contre le cancer dont elle est atteinte en 1972 avec une récidive en 1975. Guérie, c’est alors qu’elle commence à travailler avec des malades atteints du cancer, et plus tard du sida. “Je ne suis pas une thérapeute”, tient-elle à préciser, « je suis une artiste qui cherche à développer des issues sociales et personnelles imaginatives. Pour moi, l’art c’est cela : ramener au sein d’un processus créatif les choses qui nous sont imposées”.
L’environnement californien aura renforcé l’inspiration d’Anna Halprin et lui aura permis de célébrer, loin de toute virtuosité démonstrative, la beauté du mouvement naturel du corps humain. Ce qui, conjugué avec sa longue fréquentation de la maladie et de la mort, la conduira à ses plus récentes improvisations dans la nature telles que “Returning Home” et “Season” ou “Rocking Seniors” réalisé avec une cinquantaine de personnes âgées.” JC