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Note du label :
Elg, c’est Laurent Gérard. Le seul, l’unique. Le matelot bourru hissant tour à tour la voile avec Orgue Agnès (aux côtés de Clément Vercelletto et Ernest Bergez, alias Sourdure) et Opéra Mort (en duo avec le bourreau des circuits imprimés Jo Tanz, alias Fusiller). Messin exilé à Bruxelles, amateur de bonne chère et de stand-up embarrassant avec son jumeau de cœur Damien Schultz, il conduit aussi sa barque en solitaire ou avec la bienfaitrice Catherine Hershey, dont la présence plane sur tout l’album. Ses rengaines à fleur de peau, entre hilarité et malaise, exorcisent les crispations familiales et les fêlures de l’existence, perçant sous le quotidien le plus anecdotique (« Panorama », plus minimal que Nini Raviolette, « Hourra » et sa poésie pop oulipienne).
Elg semble avoir amadoué ses démons et pansé ses blessures, flirtant de manière assumée avec une « variété excentrique de qualité ». Elg, c’est l’hybridation improbable d’Areski et de Coil, d’Albert Marcœur et de Nurse With Wound, de Philippe Katerine et de Moondog, de Vald et de Ghedalia Tazartes. Tantôt easy, tantôt diseasy. « Vu du Dôme » se déroule comme un voyage immobile qui aurait l’étrangeté du rêve, à travers douze instantanés, douze chansons free sans refrain, douze visions du monde sous forme de panoptique. On y passe du rap vaudou flingué du bulbe (« Ce sérum monstre ») à la suavité mélodique et mélancolique (« Un filtre en or », en duo avec Hershey), du folk chamanique en voie de combustion spontanée (« Feu au Club ») aux collages surréalistes-concrets (« Sœurs de Crin ») jusqu’au réconfort tropical revenu du néant, chaud et moite comme une mangrove (« Salvador », avec le cicérone Borja Flames au chant). Terre en vue, après avoir traversé dix mille espace-temps.