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“Trois Chambres d’Inquiétude” (1975-1976). “Tabou” (1983-1984). “Phone Variations” (1986-1988). “Après “L’Ange” en 2003 et “Pour un Pianiste” en 2005, TraceLabel continue son exploration des musiques de Michèle Bokanowski avec ce nouveau disque regroupant trois pièces composées entre 1975 et 1988. Si les deux premières ont déjà fait l’objet d’une édition discographique, la dernière, “Phone Variations”, est restée à ce jour inédite. Nous retrouvons dans ce disque ce qui fait la marque du travail de Michèle Bokanowski : sons concrets, mécanismes obsessionnels, prise en compte de l’espace, mise en évidence du support par une scénarisation des coupes de montage, primauté à l’expressivité… Avec “Trois Chambres d’Inquiétude” (1975-1976), les matériaux sonores minimalistes (rire d’enfant, jouets, voix de femme, respirations, machineries diverses en boucles…) se mettent au service d’une dimension narrative diffuse. La référence au titre d’une série de gravures de l’artiste danois Lars Bo confirme cette piste illustrative. De son côté, “Tabou” (1983-1984) nous apparaît plus directement musical, l’espace et l’énergie s’y déploient dans un développement subtil et savant. Cette pièce, utilisée par plusieurs chorégraphes (comme Hideyuki Yano en 1985 et Marceline Lartigue en 1993), ouvrira les portes du monde de la danse à Michèle Bokanowski. Enfin avec “Phone Variations” (1986-1988), les messages vocaux et les musiques d’emprunt des répondeurs téléphoniques élargissent de manière significative la matière sonore de la compositrice et permettent, dans une démarche proche du found footage, un éclairage de la dimension domestique et intime de ces messages par leur mise en scène dans l’espace musical public. L’ensemble du disque donne à la notion de “musique sur support” toute sa dimension. En effet, la musique de Michèle Bokanowski met en œuvre une esthétique de l’analogique et de la bande magnétique, rappelant l’existence d’une musique électroacoustique d’avant le règne hégémonique du numérique et de l’ordinateur.” notes de pochette d’Hervé Zénouda